L’étang de Lavalduc

L’étang de Lavalduc fait partie des cinq étangs situés  entre l’étang de Berre et le golfe de Fos en Méditerranée, à proximité de la plaine de La Crau et du parc naturel régional de Camargue. C’est une vaste étendue d’eau de 3,54 km2.  L’étang de Lavalduc se trouve à cheval sur trois communes : Saint-Mitre-les-Remparts, Istres et Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône. C’est un plan d’eau permanent, initialement formé par l’action de la neige et du mistral à la fin de l’avant dernière ère glaciaire du quaternaire. 

Une utilisation industrielle ancienne

Cet étang joue depuis extrêmement longtemps un rôle économique particulier, d’où sa teneur très élevée en sel, comme nous allons l’évoquer maintenant.

Étendue d’eau chargée en sel

La teneur en sel de l’étang de Lavalduc s’établit à 360 grammes par litre d’eau. A titre de comparaison, elle est 10 fois plus élevée que dans la mer Méditerranée. Pour information, dans l’étang de Berre, la salinité de l’eau n’est que de 27g. 

L’étang de Lavalduc est même plus salé que la Mer Morte, la salinité de l’étang de Lavalduc est donc aujourd’hui artificielle, puisque provenant de la saumure injectée par des conduites souterraines. Cette saumure rend l’eau non propre à la consommation et à la baignade. 

Mais, cette salinité n’est pas nouvelle, les sources historiques montrent qu’elle remonte, au moins, à l’époque où l’étang était utilisé pour les tables salantes.

Un plan d’eau pollué par la soude

Au 19 siècle, les étangs Fosséens dont fait partie l’étang de Lavalduc ont été le berceau de l’industrie chimique en France. Une usine de soude, essentielle à la fabrication du savon de Marseille, a été érigée près du Plan d’Aren qui sépare les deux bassins. 

Cette usine de soude a été démantelée au début du XX ème siècle. Ont été constatées à l’époque d’importantes pollutions et émanations principalement liées à la fabrication de la soude. 

On peut dire aujourd’hui que ce fut un important scandale environnemental. La végétation, les animaux et les poissons étaient tous morts, et pendant 40 ans, l’étang de Lavalduc est laissé dans cet état de désolation.

L’étang de Lavalduc depuis sa gestion par Géosel

Après la seconde guerre mondiale, la vocation de l’étang de Lavalduc a changé grâce à sa connexion avec les stocks stratégiques d’hydrocarbures, à Manosque (Alpes de Haute Provence).

Une réhabilitation industrielle clé par Géosel

Dans les années 1960, l’étang de Lavalduc prend une nouvelle importance dans le contexte de la crise énergétique du canal de Suez. La France réalise la nécessité de constituer des réserves d’hydrocarbures pour assurer sa sécurité énergétique.

L’entreprise Géosel est ainsi née en 1967 de la fusion de quatre sociétés pétrolières, qui se sont réunies entre elles pour développer les capacités de stockage d’hydrocarbures. L’objectif est d’assurer la souveraineté de la France. 

Une utilité stratégique de l’étang de Lavalduc

Les étangs dont celui de Lavalduc deviennent des éléments clés du processus de stockage sécurisé des hydrocarbures. Les cavités salines situées sous le massif du Lubéron à Manosque sont remplies de saumure pour éviter tout mélange avec les hydrocarbures. Les étangs abritent les réserves de saumure nécessaires au stockage, conférant à l’eau une teinte rose. 

Les stocks stratégiques peuvent être mobilisés en cas de pénurie de carburant, dans un contexte de crise mondiale, comme ce fut le cas en 2022 au moment de la guerre en Ukraine.

Une salinité qui a évolué

La concentration en sel s’est notamment fortement amplifiée en raison des rejets des déchets de production et des eaux salées du salin de l’usine de soude construite sur le plan d’Aren. 

L’étang de lavalduc : un étang à la biodiversité limitée

Le haut niveau de salinité de l’étang de Lavalduc limite la présence de biodiversité au sein de l’étang. La faune et la flore est donc très limitée au sein et aux abords de l’étang de Lavalduc hormis une algue microscopique (Dunaliella salina) et des crustacés microscopiques (Artemia salina).

Une zone historiquement polluée

Outre leur taux très élevé de salinité, l’étang de Lavalduc prend place dans une zone particulièrement polluée. Une étude réalisée en septembre 2006 par le bureau ICF Environnement a révélé des traces importantes de pollution à l’arsenic et aux métaux lourds dans cette zone référencée comme « zone dangereuse » sur la base Géorisques. 

L’étang de Lavalduc, une zone à vocation industrielle

Malgré son apparence naturelle, l’étang de Lavalduc est situé sur des zones historiquement polluées. Il y a la saturation en saumure de cette étendue d’eau. Il faut ajouter à cela d’anciennes activités industrielles autour de l’étang. L’étang de Lavalduc ne peut donc pas être reconverti en espaces verts, car il est utilisé par Geosel dans le cadre de ses activités de stockage d’hydrocarbures. 

Etang de Lavalduc bordé par une voie ferrée

Crédits photo : Smiley.toerist pour Wikimedia Commons

Future aire d’accueil d’un parc photovoltaïque flottant

L’utilisation de l’étang de Lavalduc pour accueillir un parc photovoltaïque flottant est une suite logique à l’utilisation déjà industrielle de cette zone. Les étangs dont celui de Lavalduc à Fos-sur-Mer ont traversé les siècles en jouant des rôles divers, de l’extraction du sel à l’industrialisation chimique et au stockage stratégique d’hydrocarbures. 

Leur histoire témoigne de l’évolution des activités économiques et industrielles à Fos, tout en soulignant l’importance cruciale de ces étendues d’eau dans la sécurité énergétique de la France. Utiliser l’étang de Lavalduc au service de la transition écologique et de la décarbonation des activités industrielles, comme le propose le projet Hyvence, constitue un atout majeur pour la ville de Fos et ses habitants. L’étang de Lavalduc, devrait ainsi jouer un rôle crucial dans la décarbonation de l’industrie et la lutte contre le réchauffement climatique.